QUEL MODELE ENERGETIQUE POUR DEMAIN SUR NOTRE TERRITOIRE ?

Dans le cadre du CREC 2020 et avec les municipales en toile de fond, Polen propose un ambitieux programme de réflexion sur l’avenir de notre territoire : modèle énergétique, mobilité, développement durable… Jeudi dernier, à la salle de l’Ecusson à Josselin se déroulait la première phase des 4 soirées dédiées à ces thématiques. Animée par Amandine Pierre Loti du réseau Taranis, cette soirée interactive a permis aux nombreux participants de réfléchir sur la construction d’un projet local de production d’énergie renouvelable.

Présentation de Taranis

Le réseau Taranis oeuvre pour une énergie durable et citoyenne en Bretagne. Il regroupe plus d’une cinquantaine de porteurs de projets engagés dans le développement des énergies renouvelables en Bretagne (photovoltaïque, éolien, biomasse, micro-hydraulique). ainsi que d’actions envers la maîtrise de l’énergie. Soutenu par le conseil régional de Bretagne et l’Ademe Bretagne, Taranis a comme objectifs :

  • de partager et de valoriser les différents projets citoyens d’énergies renouvelables menés en Bretagne.
  • de créer un pôle de mutualisation des ressources et des compétences.
  • D’encourager, d’appuyer le portage de projets citoyens et de favoriser leur émergence.

Les enjeux énergétiques de demain : quelles solutions ?

Répondre aux enjeux énergétiques de demain implique d’engager dès aujourd’hui une véritable réflexion. Développement des énergies renouvelables, maîtrise de la consommation et optimisation des réseaux sont bien sûr nécessaires, mais rien ne sera possible sans une implication forte de chacun. Les projets citoyens d’énergies renouvelables s’inscrivent dans cette optique. En effet, ils permettent une véritable prise de conscience et sont un moyen de sensibiliser à une consommation plus responsable, en incitant à des changements à la fois individuels et collectifs. Les ressources naturelles locales appartiennent à tous. Leur exploitation doit contribuer au développement économique et social du territoire. Forts de cette conviction, des citoyens – particuliers et élus – se mobilisent pour trouver des solutions innovantes de développement. Ces projets contribuent non seulement à la transition énergétique, mais ils sont aussi de vrais projets d’innovation sociale, réinventant de nouveaux modes de coopération entre acteurs du territoire. L’investissement des citoyens dans les projets d’énergies renouvelables est très récent en France mais la mise en place progressive d’outils de financements citoyens favorise l’émergence de nouveaux projets.

Problématique :

«« Construire ensemble un projet citoyen d’énergies renouvelables »

Lors de cette soirée, Amandine Pierre Loti a défini 4 axes de réflexion et l’articulation entre les différents aspects du projet. Elle a évoqué les études techniques, le choix de l’installateur, du constructeur et du matériel, la maîtrise foncière, les démarches administratives, le financement nécessaire à la réalisation de toutes les études du projet, la mobilisation de l’épargne locale pour le financement du projet. Enfin elle a évoqué le cadre juridique spécifique qui doit être défini pour garantir la place et le rôle de chacun dans les projets citoyens.

1 – Les enjeux des énergies renouvelables citoyennes

  • Pourquoi produire des énergies renouvelables localement ?

2 – Prévoir les étapes du projet

  • Les volets techniques, financiers, citoyens et juridiques…

3 – Elaborer un projet citoyen

  • Définir le cahier des charges juridique, réaliser un prévisionnel, choisir une structure juridique adaptée, mobiliser localement…

4 – Financer son projet

  • Constituer des fonds propres, solliciter les banques, mobiliser l’épargne citoyenne…

Adopter des habitudes moins consommatrices

Face à l’accroissement des températures de 1.5° à 2° d’ici 2050, il va falloir :

1- Tout d’abord baisser notre consommation d’énergie

2- Ensuite augmenter notre production d’énergie renouvelable (voir scénario Négawatt ) car seulement 16% de la consommation totale d’énergie du territoire est d’origine renouvelable.

Avec la mise en place du champ éolien de Lanouée, la Bretagne (à vérifier) serait autonome en électricité. Nous avons le potentiel développable pour atteindre 79% de notre consommation. Amandine Pierre Loti donnait en exemple le 1er parc éolien français 100%citoyen en Bretagne situé à Béganne dans le Morbihan. Projet lancé en 2003, il a vu son aboutissement en 2014 avec 4 éoliennes (3 000 000€/éolienne). Dans ce cas les participants ont choisi là une utilisation vertueuse et locale de leur épargne.

Modes de gouvernances possibles

  • Gouvernance «capitalistique»
  • Gouvernance «collégiale»
  • Gouvernance «coopérative»
  • Financement participatif

Emergence d’un projet

Un projet éolien demande de 1 à 6 ans dû aux différentes études exigées : vent, bruit, faune, flore, accès… tandis qu’un projet solaire se réalise entre 3 et 12 mois, les études se limitant au poids des panneaux sur la charpente. Un chantier avec la participation des citoyens demande 2 à 15 mois supplémentaires. Le permis est souvent financé par les collectivités.

Exemple d’un chantier de 10M€

  • 7M€ financés par la dette (emprunt, crownfounding,…)
  • 1.5M€ par des Fonds Propres
  • 1.5M€ sont supportés par les citoyens.

Contrairement au solaire, l’éolien est très rentable, c’est pourquoi les investisseurs privés s’y intéressent fortement ; fonds de pension, Vinci,…Au Danemark, il y a une réelle volonté politique, tandis qu’en France, l’éolien est beaucoup plus onéreux : davantage d’études exigées, le prix des permis (10% du budget pour le raccordement au réseau) et le coût exorbitant des machines fournies par Véolia et Vinci afin de garder la main sur l’éolien si rentable. Enfin en cas de recours, il faut prévoir 2 ans de blocage du chantier.

Attention aux propriétaires de terrain à qui les développeurs font signer des « promesses de bail » qui ne garantissent rien.

Intervenants du public

  • De Patricia Pérez Sanmartin de L’ESS qui a exposé différents projets locaux de cofinancement solidaire : les Histoires d’Agnès, le Caravrac, Sylv’nco…
  • De Lionel Gaboriau pour Enercoop sur les déchets nucléaires.
  • De Marc Soudé et Jean-Marie Plantard des Cigales (Club d’Investissement et de Gestion Alternatif Local de l’Epargne Solidaire) de Bretagne. Chaque Cigale d’investissement dure 5 ans et regroupe 15 « cigaliers». Il y a aussi les Cigales de Gestion ; 1 parrain dans chaque entreprise financée. 1 Cigalier = 1voix quelque soit sa participation. On peut choisir une épargne mensuelle ; elle est en moyenne de 25€/mois, c’est une avance d’argent, l’objectif étant de retrouver sa mise sans bénéfice mais avec création d’entreprises et d’emplois. Les entreprises cigalisées vivent à 75% au-delà de 5 ans contre 50% avec financement autre.

Autres solutions d’énergies renouvelables évoquées

  • L’Hydrolien (sous l’eau) projet à l’étude,
  • Le Offshore : trop gros projet pour être porté par des citoyens
  • L’Hydrogène ; l’énergie doit être transformée en hydrogène et inversement
  • Hydraulique : sur les rivières : tout a été expérimenté, reste la réhabilitation des anciens moulins mais la production serait faible…
  • Problème du stockage de l’énergie, la seule solution existante étant les barrages d’eau. Des projets de stockage dans les batteries électriques des voitures électriques.

 

Pour Polen : Roselyne Perrichot et Christian Jigorel